Nous avons le plaisir de vous présenter en images les derniers instants de notre périple en Amérique Centrale ! Depuis Acapulco où nous avons embarqué mi-Janvier pour 3 semaines à la voile en passant par le Costa Rica, nos retrouvailles avec Betty et la découverte des beautés naturelles du pays, jusqu’au Panama à vélo, on était loin d’imaginer la course poursuite finale vers le confinement !
Embarquement immédiat pour cette treizième et ultime vidéo Cycloclock ?
13 Mars 2020, Ça y est on va rentrer en France dans une semaine, on est content d’imaginer un futur chez nous. Les émotions se mélangent entre l’appréhension du retour, la joie et l’envie de revoir nos familles et nos amis. Se pose la question de nos projets personnels et professionnels juste après notre retour. Toutes ces interrogations revenues mille fois dans nos esprits lorsque nous pédalions de longues heures dans ces paysages verdoyants. En attendant on profite de nos derniers instants de bonheur, en camping au bord de la plage de Santa Catalina.
Le 13 Mars 2020, Santa Catalina (Panama)
Sauf
que, pif paf pouf… tout ça se déconstruit peu à peu et le rêve
de retour se complique. La crise sanitaire de l’Orient s’étend, plus
les jours passent au Panama plus l’étau se resserre. La vague arrive
d’abord sur l’Europe par l’Italie, l’Espagne, la France et puis au
fur et à mesure sur les pays du continent américain.
Le
14 Mars 2020, nous sommes à 4 jours de vélo de Panama City. Les
nouvelles mesures en France s’amplifient dans les informations que
nous écoutons en podcast radio. L’inquiétude monte et la
désinvolture des Français aussi apparemment… Le
Panama ferma ses frontières aux vols européens le 14 Mars à
minuit, mais nous ne le saurons que plus tard. Toujours aucun mail
d’annulation de vol.
Le 15 Mars, le bruit court que le
président Macron va faire un discours et annoncer un confinement.
Tout cela se passe si vite et si lentement comme si le temps
s’étirait. Nous ne sommes pas surpris ni paniqués, soit grâce à
un pseudo sang-froid que nous aurions acquis durant ce voyage, soit
comme si, inconsciemment, nous nous doutions déjà de ce qui allait
arriver.
Le
16 mars à l’aube, la boule au ventre, ne sachant pas exactement ce
qu’il se passe, nous décidons de partir le plus rapidement possible
pour Panama City dans un bus, puis un autre, puis en taxi jusqu’à
l’aéroport, chargeant machinalement nos vélos dans le peu d’espace
disponible à chaque transport.
Le 20 Mars 2020 à Panama City (Panama)
Nous sommes pour la 13ème fois, en un an, dans un pays inconnu. Mais là, c’est un peu différent. Nous pourrions être amenés à rester plus longtemps si les fermetures de frontières se confirment et se multiplient. Le climat au Panama se transforme, il n’est pas très favorable pour les européens dans les temps qui courent. En effet, les médias informent les pays d’Amérique que la vague de coronavirus se déplace et sévit maintenant en Europe.
Arrivés à l’aéroport, les bureaux de la compagnie sont fermés. Tous leur vols sont annulés, dont le nôtre pour le 23 Mars. Toujours pas de mail d’annulation dans nos boîtes mail… Nous avons la possibilité de les contacter par mail justement pour leur demander une solution de compensation. Ils nous répondent après 24h que nous avons la possibilité d’un « re-routage » par La Havane, que l’on devra payer de notre poche. Avec les vélos, il y aura des surcoûts.
Nos fidèles destriers tant adorés deviennent alors un brin encombrant. Le détachement matériel ne l’emportera pas cette fois, et nous les ramènerons jusqu’à bon port. Nous décidons de se laisser un peu de temps de réflexion et de contacter l’ambassade. Celle-ci nous informe qu’aucun rapatriement n’est prévu pour l’instant et qu’il faut privilégier les solutions commerciales proposées. Ce sera la même chose jusqu’à la fin de la crise des rapatriements des français à l’étranger : aucun vol ne sera créé. Seuls des vols payants seront mis à disposition… des plus aisés donc.
L’embarras du choix…ou pas !
À Panama, heureusement, nous sommes logés dans un hôtel pas trop cher et pas loin de l’aéroport. Pour nous y rendre nous avions dû passer par des voies rapides avec, comme avant chaque voyage en avion + vélo, des grands cartons d’emballage sur le porte bagage. Au moins on a presque tout ce qu’il faut pour emballer les vélos et mettre les voiles dès que possible vers l’Europe. Nous sommes donc en sécurité avec toutes nos affaires à ranger et trier, et un accès wifi pour rester informés.
Après 1 jour et demi de réflexion et de recherches de tous les vols existants vers la France, nous décidons d’accepter l’offre de « re-routage » de la compagnie. Les bureaux de la compagnie au centre ville de Panama sont ouverts, et nous devons nous y rendre pour y effectuer le changement de vol. On nous propose donc un vol le 21 Mars de La Havane à Madrid puis le 22 Mars de Madrid vers Bruxelles, les correspondances pour Paris étant complètes. On saisit l’occasion.
Nous devons maintenant acheter un vol de Panama jusqu’à la Havane avec nos bagages spéciaux, les vélos. Après deux heures d’attente dans les bureaux de la compagnie, nous avons enfin tous les renseignements nécessaires (prix, vols, dimensions bagages, prix bagages spéciaux). Le coût des billets étant 10% plus élevés au comptoir, on les prendra sur internet. Billets de retour en poche nous retournons à l’hôtel patienter avant notre départ et empaqueter les bagages. Direction Cuba.
Cuba ! Cuba masqué oh hé oh hé !
À partir de là, les questions dans nos têtes se multiplient. Où va t-on atterrir au final ? Madrid comme à l’origine ? Nous devrions ainsi arriver là-buis puis remonter à vélo vers la France sauf que là, on risque une quarantaine où plutôt une quinzaine dès notre arrivée à l’aéroport Barajas… Prise en charge par qui ? Dans et sous quelles conditions ?
Une modification de dernière minute sur la réservation nous semble bienvenue : le vol pour Bruxelles est annulé mais nous sommes remis sur un vol pour Paris. C’est à n’y rien comprendre… Il était complet nous avait on dit. Bien décidés à rentrer chez nous, malgré les incertitudes, nous emballons les vélos dans les grands cartons rafistolés et préparons les bagages. Malheureusement les événements ne se passent pas comme prévu. Arrivés à La Havane, la réservation de nos deux vols pour Paris a été annulée par la compagnie. À minima nous arriverons à Madrid, une fois l’Europe atteinte nous rentrerons par voie terrestre peut-être (train, vélo si c’est encore possible). On s’envole donc pour Madrid déjà un peu rassurés de rejoindre l’Europe.
Arrivée
à Madrid : l’aéroport est presque vide. Peu de voyageurs sont en
transit, et la plupart sont en transit incertain. Les moyens
transports du pays sont au ralenti, l’Espagne est déjà fortement
touchée pas le virus. Donc il n’y a pas de train en circulation
vers la frontière franco-espagnole. Toutes les agences de location
de voitures sont fermées. On se demande comment on va bien pouvoir
rentrer… Le vélo devient une solution très tentante. Il nous
permettrait d’éviter les contacts avec quiconque et de rentrer
sans avoir à payer encore d’autres billets de trains, taxi, ou
bagages supplémentaires. Mais nous apprenons qu’il est interdit
en France de se déplacer à vélo en dehors d’un trajet
professionnel ou pour faire ses courses.
Des vols pour la
France sont proposés par deux compagnies, la première avec des prix
faramineux et la seconde beaucoup plus accessible mais sur liste
d’attente. Tant pis, on tente le coup de la liste d’attente, vu
que tout le monde est confinés, beaucoup de personnes ne se
présenterons probablement pas nous a t-on dit. Nous achetons donc
le prochain vol pour Lyon, le lendemain. Et partons acheter quelques
victuailles en dehors de l’aéroport, celui-ci étant désert et ne
proposant que des sandwichs à 10€. On pic-nique, on téléphone et
on s’installe au chaud dans les duvets pour une petite nuit sur ce
carrelage d’aéroport top confort !
Aéroport de Madrid, on patiente 24h…
Réveil à 6h par la sécurité pour nous indiquer qu’il n’est pas possible de dormir dans l’aéroport, il faudra rester assis encore 10h pour attendre notre vol.
La journée passe et notre vol se rapproche, debout, nous fixons le tableau d’affichage pendant la dernière heure avant le vol. Les gens se regroupent devant la porte, tout le monde semble être sur liste d’attente. On appelle des noms pour attribuer des places, ouf on est appelés. Puis encore 30 minutes plus tard, on embarque enfin.
À ce moment là, nous sommes sur un petit nuage, soulagés de rentrer là où nous aurons un refuge. Une heure et demi de vol plus tard, nous voilà à l’aéroport de Lyon, vide, les vélos sortent en derniers, nous patientons.
Aéroport Lyon Saint Exupéry, plus très loin de la maison !
Puis nous nous dirigeons vers le Rhône Express afin de regagner le centre ville et notre repère de quinzaine. Terminus Gare de Lyon Part Dieu, nous retrouvons alors un décor connu entouré d’un contexte inconnu : le confinement.
Il ne reste que 1,5km jusque chez nos amis avec deux bagages de 17 et 18kg et les deux cartons des vélos de 18 et 20kg. Ce sera le kilomètre le plus long de tout le voyage, malgré la belle surprise des applaudissements de 20h…
Nous arrivons fatigués mais très heureux de revoir les copains, qui nous « décontaminent » devant leur porte et nous poussent dans la douche avec un balai (ou presque) !
Merci à eux, pour leur confiance, leur bonne humeur, et leur sérénité dans ce confinement. Merci aux « indics » qui nous ont envoyé des infos en temps direct depuis la France sur l’évolution de la situation.
Bonne fin de confinement, et profitez-en pour revoir nos articles ou vidéos pour ceux qui en ont loupé !
Cet article n’a pas pour objectif de critiquer les modes de vie, de consommation, ou l’organisation des pays évoqués. Il constitue seulement un constat analysé sous le prisme de notre regard brut, informés ou non.
Déchets
Ce n’est pas un scoop mais nous voulions tout de même commencer par ce sujet : nous avons observé des quantités astronomiques de déchets plastiques jetés en pleine nature tout au long du voyage. Ils se concentrent dans les périphéries des villes, quelles que soient leurs tailles mais aussi sur des routes passantes où les automobilistes sont clairement responsables.
Indonésie, 20 Mai 2019
Indonésie, 31 Mai 2019
Indonésie, 4 Juin 2019
Malaisie, 25 Juin 2019
Thaïlande, 16 Juillet 2019
Cambodge, 10 Août 2019
Cambodge, 11 Août 2019
Vietnam, 25 Septembre 2019
Vietnam, 27 Septembre 2019
Mexique, 6 Janvier 2020
Les milieux aquatiques sont touchés également, les cours d’eau d’abord (rivière Chao Praya à Bangkok par exemple), ainsi que les côtes maritimes (mer de Java, golfe de Thaïlande, mer de Caraïbes, golfe de Nicoya…). À tel point qu’il n’est pas rare de voir des poissons suffocants ou des oiseaux empoisonnés sur les plages. Le pays qui nous a paru le moins impacté par les rejets sauvage est le Japon. Pourtant les étales des supermarchés et marchés d’Honshu regorgent de plastique jusqu’à emballer chaque fruit séparément ou chaque friandise. La sensibilisation aux déchets semble donc être efficace (à Kyoto par exemple le sac jaune de déchet cartons s’achète et n’est fourni qu’en quantité limitée) mais on ne peut pas pour autant se réjouir de l’utilisation excessive d’emballages. Il subsiste ainsi des distributeurs de boissons en canettes et plastiques partout dans le pays.
Japon, 8 Octobre 2019
Vietnam, 12 Septembre 2019
Thaïlande, 22 Juillet 2019
La problématique est complexe et semble malheureusement loin de disparaître car aucune collecte n’est mise en place, ou très peu. Le plastique est arrivé trop vite dans le quotidien des locaux et personne n’est en mesure de le contenir, même autour de sa propre maison. Seuls les parcs nationaux sont relativement épargnés mais c’est l’arbre qui cache la forêt : la fréquentation ne devrait pas être le seul argument pour mettre en place des collectes et le visiteur est souvent lui aussi un émetteur important, particulièrement sur les îles qui concentrent le tourisme de masse (Bali, Perhentian, Koh Phangan, etc.). En fin de chaîne, les principaux impactés sont les habitants eux-mêmes qui, faute de mieux, brûlent directement les plastiques à l’air libre et respirent les vapeurs associées. Les décharges sauvages ou légales poussent comme des champignons et concentrent odeurs, carnassiers, chiens errants, etc.
Infrastructures et transports
Continuons avec ce à quoi nous avons été le plus confronté dans notre quotidien de cyclo-voyageurs : la route. Nous avons observé de nombreuse zones de travaux de rénovation des routes mais aussi sur plusieurs rivières des constructions de barrages et dans les montagnes des gigantesques aménagements pour faire passer un train ou une autoroute (au Laos, Vietnam, Mexique et Panama).
À première vue, ces chantiers énormes nous ont impressionné par leurs proportions, leur rapidité d’exécution et leur ambition. Revers de la médaille, ils impliquent des passages incessants de camions, dangers ambulants pour le cycliste, des délocalisations de populations locales et des zones où la qualité d’air est largement dégradée (poussière ou vapeurs d’asphalte…). En terme de financement, les routes semblent généralement rénovées par les États mais également subventionnées par des pays “alliés” qui font venir leur propre main d’œuvre et installent des camps de travailleurs le long des chantiers. Le “maître d’ouvrage” étranger semble ensuite prendre en charge l’exploitation, ce qui pose des questions d’ingérence et d’autonomie énergétique… En tout cas, c’est un mécanisme largement utilisé par la Chine dans les pays d’Asie du Sud Est et au Panama. Le Japon, les États Unis ou l’UE financent eux aussi des ouvrages plus réduits (ponts ou édifices), au Cambodge par exemple où chaque temple d’Angkor a son propre mécène international
Mexique, 14 Novembre 2019
Mexique, 14 Novembre 2019
Californie, 31 Octobre 2019
Laos, 2 Septembre 2019
Laos, 30 Août 2019
Côté trafic, comme nous l’avons déjà précisé dans divers articles, les véhicules à deux roues motorisés sont rois en Asie ce qui représente certes une liberté de mouvement précieuse et une décongestion par rapport à l’automobile mais une vraie nuisance et une sorte d’anarchie (qui fonctionne néanmoins) en comparaison du calme relatif des vélos et des pistes cyclables européennes. On regrette bien sûr que ce dernier soit tant délaissé dans les grandes agglomérations visitées, on se demande même si il n’aura pas complètement disparu dans 20 ans 🙁
En Amérique du Nord, en Amérique centrale et dans les pays asiatiques émergents les plus “avancés” (Thaïlande et Vietnam), on peut regretter une présence importante de SUV et de Pick up. Vitesse excessive, consommation élevée de carburant et pollution de l’air sont autant d’impacts directs de ces derniers qui sont finalement rarement utilisés pour leur supposée fonction (terrains difficiles ou cargaisons spécifiques). Même chose aux USA et Mexique. Une fois de plus le Japon fait exception avec des véhicules moins larges, adaptés à leurs usages (citadines, petits utilitaires, etc.) et une vraie courtoisie au volant.
Ressources naturelles
Les productions agroalimentaires à grande échelle, majoritairement vouées à l’exportation, se développent dans les pays que nous avons parcouru et sont polluantes.
L’exemple le plus frappant est celui de la banane. Les plantations sont très nombreuses au sud du Costa Rica et nord du Panama, elles sont constituées de bananiers disposés en rangées, traversées d’un train de récolte menant à l’usine d’empaquetage. Nous avons eu l’occasion de traverser des villes-cités de travailleurs regroupant une cinquantaine de maisons cubiques identiques positionnées non loin de l’usine. Ensuite d’énormes camions se chargent de transporter le tout aux ports (sans manquer de nous frôler), destination l’Europe ou les USA.
Costa Rica, 3 Mars 2020
Costa Rica, 16 Février 2020
Salvador, 26 Janvier 2020
Malaisie, 2 Juillet 2019
Outre la monoculture évidente que représentent de telles surfaces de bananiers, les plantations sont survolées une fois par semaine en moyenne par des avions d’épandage chimique. Les routes traversant les plantations sont alors déconseillées aux riverains. Cependant ce chemin étant parfois le seul lien vers la route principale, elle reste empruntée quoi qu’il se passe dans le ciel bleu au dessus des bananiers. Sans parler des canaux d’irrigation qui sont alors directement pollués et se déversent dans un cours d’eau très fréquenté par familles et enfants pour se rafraîchir.
Pour le reste, les plantations intensives que nous avons le plus observé en Asie sont celles de palmiers à huile, de caoutchouc (Indonésie, Malaisie et Costa Rica) et de canne à sucre. Le brûlis est largement utilisé bien que souvent interdit dans plusieurs régions. Le riz bien sûr, occupe aussi des surfaces importantes mais semble (en apparence en tout cas), mieux géré et moins dommageable aux écosystèmes. Enfin, nous avons rencontré de nombreux chalutiers au large de l’Amérique Centrale, il est loin d’être certain que la ressource halieutique soit gérée convenablement…
Conditions sociales
Dans plusieurs régions visitées, nous avons pris connaissance de conditions de travail très difficiles et peu rémunérées : on peut citer par exemple la collecte et le transport du soufre dans le volcan Ijen en Indonésie, les récoltes du riz au Laos et Cambodge, le travail dans les mines d’argent au Mexique pour environ 200€ par mois, etc.
Point positif, le travail des enfants semble majoritairement interdit et contrôlé, nous avons en tout cas relevé plusieurs inscriptions publiques allant dans ce sens en zones agricoles, à l’exception des courtes périodes de récolte et de semis du riz qui occupent l’intégralité de la famille. Les secteurs industriels sont probablement plus touchés par le problème éthique et sanitaire soulevé par le travail des mineurs.
Indonésie, 8 Mai 2019
Cambodge, 11 Août 2019
Laos, 13 Août 2019
Mexique, 13 Décembre 2019
Mexique, 17 Décembre 2019
Mexique, 8 Janvier 2020
Sociétés
Nous le mentionnions dans l’article “Borders lines”, la corruption existe encore à quelques postes frontières. Cela dit sa proportion (visible) est assez faible et nous n’avons pas recensé d’autres situations anormales dans nos vies quotidiennes de voyageurs, bien que nous soyons avertis du problème (au Mexique par exemple, des infractions injustifiées et monnayées sont pratiquées par les polices locales).
Côté climat social, à Oaxaca de Juarez, au Mexique, nous avons assisté à des manifestations pour plus de justice sociale et de replacement des familles. La situation semble néanmoins plus calme que 15 ans en arrière, avec la “Révolte de Oaxaca”.
Concernant les niveaux de vie, nous nous étonnons de la quantité assez restreinte de mendicité dans des pays réputés “pauvres” (Cambodge, Laos par exemple). Nulle part nous n’avons constaté un niveau de pauvreté similaire à ce qui peut être noté, par exemple, à New Delhi. Une explication pourrait être que les ressources naturelles sont assez nombreuses pour éviter de dramatiques situations d’insécurité alimentaire et les croissances démographiques “limitées” par rapport aux géants indiens ou chinois. La solidarité semble aussi fonctionner, comme nous avons pu le constater au Mexique à l’approche de Noël.
Singapour, 2 Mai 2019
Californie, 27 Octobre 2019
Panama, 18 Mars 2020
Les inégalités sont néanmoins réelles, visibles et les richesses sont agglutinées dans des villes à l’urbanisation galopante : Singapour, Bangkok, Panama City… tandis que les zones rurales demeurent très atypiques et préservées (nord est du Laos, région montagneuse du Panama). En villes, les vendeurs ambulants, précaires, sont nombreux et leur activité est probablement mis en danger par les enseignes capitalistes et leurs lots d’acculturation (supérette 7 eleven, KFC, Mc Donalds, …). Motif d’espoir, les marchés sont encore très fréquentés. Paradoxalement, c’est en Californie que nous avons remarqué la plus grande quantité de personnes sans abris (hobos) et à l’évidence en difficulté
Tourisme de masse et impacts
Selon nous, la plupart des dysfonctionnements écologiques, sociaux, économiques cités plus haut dans cet article sont exacerbés par le tourisme de masse voire même, engendrés directement par celui-ci.
Indonésie, 29 Mai 2019
Cambodge, 5 Août 2019
Mexique, 2 Novembre 2019
Mexique, 25 Décembre 2019
Mexique, 5 Février 2020
Il est en tout cas certain que la dépendance forte de certains pays d’Asie du Sud Est (en Thaïlande, à Siem Reap au Cambodge, à Cat Ba au Vietnam…) et du Costa Rica au tourisme est dangereuse : à court terme, les gains économiques sont indubitables et une partie importante de la population a gagné en niveau de vie par effet domino mais à moyen terme, les impacts sur les écosystèmes risquent de s’aggraver (à titre d’exemple, on peut citer les golfs en Basse Californie qui sont à tout point de vue une aberration écologique par l’utilisation abusive de la ressource en eau).
Si par ailleurs, pour diverses raisons les fréquentations diminuent, suite à la crise COVID19 par exemple, on peut craindre de lourdes pertes économiques et donc humaines là où les tours opérateurs déserteront. Quant on sait que ces pays ont en partie abandonné certaines cultures au profit du tourisme plus rentable (le café et le cacao par exemple), ils devront peut être à nouveau diversifier leurs activités pour survivre.
Il est grand temps d’adresser un petit mot depuis la France à toutes celles et ceux qui ont enchanté notre voyage 🙂
Nous remercions donc, dans l’ordre chronologique :
Johanna, Xavier et leurs enfants qui nous ont offert un tremplin parfait et bienveillant pour débuter notre voyage à vélo à Singapour
Bob pour sa première eau de coco du voyage
Abdul pour son accueil humble et nos échanges philosophiques
Kim pour ses conseils cyclables et culturels sur la Thaïlande
Boon pour sa conscience envers l’environnement et son accueil chaleureux en plein centre de Bangkok et son immersion dans la culture Thaï
Olivier, Darin, Sovan et Haroun qui nous ont ouvert les portes de leur utopie réalisée au Cambodge
Émily et Liam pour leur enthousiasme sans faille durant le volontariat et leur humour anglo-saxon
Pétra qui nous a accueilli sans hésitation et nous a montré le chemin sur les rives sinueuses du Mékong
Yann et Brieke pour leur sagesse, leur énergie positive, et les conseils mécaniques
Rocco pour son accueil bienveillant dans sa belle ville de Louang Prabang
Sabine pour son petit bateau-rêve perché au alentours de Ninh Binh et Quin pour sa cuisine délicieuse
Caro et Vianney pour les retrouvailles vietnamiennes et les échappées communes à vélo et en pagode
Bich, super maman, pour son humble accueil et sa disponibilité dans le tourbillon du quotidien d’Hanoï
Ryugo pour les instants de complicité cycliste et son aide logistique précieuse au cœur de Kyoto
Jaqueline et Robert pour la jolie halte aux confins du lac Biwa et leurs chemins cyclables secrets
Drew pour son joli coup de pédale et sa compagnie dans les cols japonais
Rich et Joan pour leur accueil très agréable et leur humour
Kazu pour sa rigueur, sa bienveillance et son amour transmis de la terre et de la culture japonaise
Takeshîge et Yoshiko pour leur gentillesse lors de notre rencontre insolite au onsen, qui nous mena jusqu’à une belle soirée sushi
Stephen et sa compagne pour leur patience malgré notre fausse route sur gps et leur formidable repas automnal
Yuji et Aya pour leur accueil idéal après une journée de tempête, leurs goûts de l’aventure à vélo, et leurs conseils avisés sur l’emballage de nos vélos
Ken et Kenny pour leur havre de paix au cœur de Los Angeles, les bons repas partagés et leurs conseils cyclables
Steve et Erin pour le superbe repas et dessert inoubliable
Nicole pour son énergie dans la défense des droits cyclistes et une belle soirée d’Halloween
Judd et Victoria qui nous ont offert en toute simplicité un coin de leur superbe jardin urbain
Victoria et la petite famille pour l’accueil, les mille et un projets entamés et les pancakes au vrai sirop d’érable
Andres et son frèrot pour leur patience en espagnol et leurs histoires indigènes
Lizette et Astrid pour l’accueil sur les hauteurs d’Ensenada et les conseils sur les coins immanquables en Baja
Barry et Pam qui nous offert une immersion dans leur communauté et invité dans un tournoi endiablé de Peg & Joker
Nemo à Cowpatty pour la facilité d’accueil et nos premiers chants de coyottes bien à l’abri dans son bar de baroudeurs
Amélie pour sa bonne humeur québécoise et son admiration partagée des paysages désertiques
David et Margie pour leur inspiration californienne, leurs conseils et leur détermination dans tous les projets féeriques qu’ils mènent d’un bout à l’autre de l’Amérique
Jésus de San Ignacio pour son accueil inattendu et d’une superbe simplicité
Jésus pour sa spontanéité et sa confiance, de l’auto-stop-vélo jusqu’au coin de jardin
Tully pour son multi-accueil en toute sérénité
Robert pour les prémices de l’aventure en Mer de Cortes, sa confiance en notre pied marin et la promesse tenue (même sous les vents du Papagayo !) de naviguer ensemble jusqu’au Costa Rica
La famille Cruz Pedraza, Irving, Joanna et Maricella pour les retrouvailles mexicaines, les découvertes culturelles et les beaux moments de partage à l’approche de Noël
Ken et Erin pour leur accueil, première escale au Yucatan dans leur maison superbe, et la moussaka du marché
Ursula pour son impressionnante faculté d’échange, d’apprentissage et les soirées franco-austro-mexicaines partagées à Tulum
Axel et Élise pour leur esprit artistique, leurs engagements et le mémorable réveillon sans électricité de Mahahual
Sol pour sa force, sa poésie oaxaqueña et ses sourires bienveillants
Chris et sa famille pour leur bonté naturelle
Eduardo pour le superbe repas et les rêves partagés
Pablo et Erwin pour la discussion sympa et l’escorte cyclable sur les pentes du col de San José del Pacifico
Romain, Cristina et Sarah pour les retrouvailles savoyardes, leur accueil précieux et leurs conseils avisés sur les merveilles naturelles ticos
Betty qui a retrouvé son sac et surtout sa sœur jumelle, partagé de beaux moments d’aventure d’un bout à l’autre du Costa Rica et dont l’enthousiasme n’a jamais défailli même pour chercher des paresseux bien camouflés
Sonia et Rafa pour les délicieux chocolats maisons, les belles discussions, les jeux de cartes endiablés et toutes les choses apprises à leur côté au cœur de la nature ainsi que Nelson qui nous a prêté main forte durant ce volontariat
Charlie pour son humble accueil avant la montée du dernier col
Rolf pour ses conseils à Las Lajas et l’aloe vera offerte à nos peaux brûlées
Merci à vous tous d’avoir permis ce voyage grâce à votre accueil, vos
conseils, et vos encouragements à tout moments. Nous vous en sommes infiniment reconnaissants
et très heureux de vous avoir croisés sur notre chemin.
Merci à Gianito pour les conseils techniques pour choisir la monture, pas des moindres, qui a traversé monts et marées.
Merci à Raph’ de nous avoir donné les premières clés et solutions pour créer ce site web.
Merci à Charles qui a illustré avec brio quelques beaux instants du voyage.
Merci enfin à tous nos proches et amis français pour le soutien moral lors de notre retour légèrement précipité vers une Europe confinée, dernier challenge de notre voyage et sans aucun doute le plus imprévisible. Particulièrement Max et Alina qui nous ont chaleureusement accueilli et confiné aux petits oignons à Villeurbanne.
Voilà, nos 11 mois de péripéties à vélo sur les routes et chemins d’Asie du Sud Est, du Japon et d’Amérique Centrale se terminent ! À travers ce site ou en d’autres occasions, on trouvera mille et une manières de conter, raconter et se remémorer les beautés, les galères, les spécificités culturelles de chaque pays et surtout nos péripéties à deux roues.
Devinez quoi, on est passé à vélo 🙂
Dans cet article, nous souhaitions plutôt vous présenter le bilan carbone (partiel) de notre voyage, c’est à dire nos émissions de CO2 liées aux transports engendrées par cette dernière année de vadrouille. Car on a beau avoir toujours veillé à laisser chaque lieu visité intact et exempt de pollutions en tout genre, nous nous sommes quand même beaucoup déplacés, d’un continent à l’autre. Et l’atmosphère, lui, stockera malheureusement pendant quelques temps nos molécules émises. Elles stagnent tout là haut, réflechissent, réchauffent et bouleversent tant notre monde… En chiffres et en graphiques, ça donne ça 🙂
Nos émissions de CO2 – Période Avril>Décembre 2019*Nos émissions de CO2 – Période Janvier>Mars 2020*
400 kgCO2eq, selon les sources utilisées*, c’est la quantité de dixoxyde de carbone que l’on « peut » ou plutôt « doit » émettre au maximum par mois d’ici 2030 pour limiter le réchauffement global à 2°C. Au total sur 11 mois, en transports, nous avons émis chacun 533 kgCO2 par mois…33% de trop 🙁
Inutile de chercher bien loin, les coupables crèvent l’écran : les aéronefs longs courriers !
Berlin > Singapour = 1540 kg
Hanoï > Tokyo = 600 kg
Tokyo > Los Angeles = 1360 kg
Panama > Madrid (via La Havane) = 1450 kg
Au total, ils représentent 85% de nos émissions…
Vol au dessus de Cuba
Ainsi, on acceptera toutes vos critiques et il nous sera bien difficile de vous convaincre de la légitimité de ce carbone émis. Il nous reste donc maintenant à économiser bien davantage nos recours aux énergies polluantes pour les années à venir…. Quant à la compensation volontaire, c’est une piste à laquelle on réflechit mais qui est un peu onéreuse pour nous à ce jour (après 1 an de voyage) et qui a aussi ses failles et ses détracteurs.**
Pour le reste, par contre, nous avons réussi à voyager sans recourir à la moindre voiture personnelle, ni au moindre vol interne, et les graphiques sont assez clairs sur les « bols de fraîcheur » occasionnés par les trajets en vélo et multimodaux !
Nos vélos à bord d’un ferry japonais
Traversée de mangrove à bicyclette au Mexique
De Mai à Septembre 2019 par exemple, de Singapour à Hanoï, nous avons emprunté seulement 3 trains et une poignée de bus. Résultat : 120 kg émis seulement en 5 mois 🙂 En vélo+bus+train, notre parcours de presque 5000km a émis autant qu’un trajet Bordeaux-Grenoble en voiture individuelle.
Autre petit motif de satisfaction, notre traversée en voilier d’Acapulco jusqu’au Costa Rica aura émis environ 170 kg. Le même trajet pour deux en avion aurait « coûté » le triple.
Milagro, une bonne alternative à l’avion 🙂
Enfin, nous ne nous sommes pas lancés dans un bilan carbone complet incluant l’alimentation et l’énergie mais nous pensons avoir voyagé « léger » sur ces 2 contributeurs : peu de viande, des céréales, fruits, légumes locaux et une utilisation assez rare de la climatisation, ayant notre propre tente ou privilégiant les ventilateurs si nécessaire (sans parler du chauffage inexistant et de l’Eau Chaude Sanitaire peu disponible en pays tropicaux…).
Au delà des chiffres, nous avons le sentiment d’avoir réussi à adopter quelques gestes simples (petits stocks de nourriture basique dans les sacoches et d’eau pour éviter les consommations compulsives), à ne pas dégrader la qualité de l’air des régions traversées (souvent déjà bien mal en point) et à ramener notre niveau de confort à l’essentiel.
Sobriété et voyage à vélo peuvent donc à la fois faire bon ménage au quotidien mais restent antinomiques lors des transferts aériens internationaux.
*L’application « North – Your climate journey » est disponible et gratuite sur Google Play. Les sources des auteurs sont très bien détaillées dans cet article : https://www.tmrow.com/climatechange#objective–2-tons
** On vous conseille à ce sujet le podcast France Inter de La Terre au Carré :
Dernier tronçon de notre périple en Amérique Centrale, nous repartons le 26 Février depuis Curridabat au Costa Rica. Nous rallions en 2 jours les bananeraies de Zent où nous passons 1 semaine en volontariat.
Nous repartons le 6 Mars direction la frontière de Sixaloa qui se passe sans encombre sous une chaleur de plomb. La route est coquête mais truffée de camions dangereux aux abords d’Almirante. Puis ça grimpe ça grimpe sous une pluie battante jusqu’au lac d’Hornito et son barrage massif ! Un étonnant hostel « Lost & Found » nous offre une escale rando montagne sympa. Nous devalons ensuite la pente jusqu’à la route TransAmerica que nous empruntons (ouf, il y a un bas coté protégé des camions) jusque Las Lajas. Un allemand relax nous loge 2 jours, le temps de voir la belle plage déserte, puis nous rallions finalement Santa Catalina le 14 Mars !
Derniers instants de calme et de soleil, nous campons sur un îlot accessible au gré des marées et abandonnons à contre-coeur le projet d’une dernière plongée dans le parc national de Coiba en raison de sa fermeture liée au COVID19…
Vite vite, on décampe et on rejoint d’urgence en bus Panama City qui sera notre porte de sortie vers l’Europe et le confinement. C’était trop court et incomplet mais ce petit parcours le long de la cordillère de Talamanca nous aura enchanté !
Nous avons repris la route à vélo depuis San José le 24 Février dernier.
Après 2 jours de pédalage très chouettes sur les pentes du volcan Irazu, à Cartago puis à Turrialba, nous atteignons la bourgade de Zent et ses bananeraies gigantesques.
En route vers la plantation
Là, tout au bout de la route, Sonia d’origine portugaise et Rafa le costaricien se sont installés et travaillent chaque jour le bambou et le cacao dans leur plantation. Nous avons passé une semaine avec eux et découvert ces artisanats particuliers.
Commençons par le travail du bambou, et en particulier la création de panneaux pour la construction.
Après l’effort, le réconfort (quoi que…il faut encore bosser un peu) avec la création de chocolat de la recolte du fruit jusqu’à nos papilles !
Voilà vous en savez maintenant autant que nous ! Et si d’aventure l’envie vous prenait de passer par la région de Limón au Costa Rica, voici le site web de Sonia et Rafa :
Dans la palette de sons exotiques rencontrés au Costa Rica, les oiseaux occupent une place de choix. Souvent inivisibles à l’oeil nu mais non moins bavards, nous vous proposons ici deux de leurs chants captés au parc national Arenal et sur les hauteurs de Turrialba. En seconde partie, une nuée de criquets occupe tout l’univers sonore, captée sur le chemin de la cascade de Nayauca.
Chants d’oiseaux ticos
Du côté des ambiances humaines, voici un aperçu d’une journée passée dans les rues de San José (on y entend un marimba, instrument originaire d’Amérique Centrale), la feria de Zapote puis les sons nocturnes de la place du village de Tarcoles, dernière étape de notre périple en sac à dos en compagnie de Betty, la soeur de Cléa. Pour finir, vous reconnaitrez l’ambiance d’un entrainement de football féminin, sport très pratiqué au Costa Rica !
Une journée de San José à Tarcoles
Enfin nous vous emmenons non loin de Limón sur la côte Caraïbes, où se concentre une importante population créole. Comme on l’entend dans un bus en préambule, l’accent espagnol y est très différent du reste du pays voire mélangé à d’autres dialectes et à l’anglais. Autre aspect de la vie locale, l’église évanlégique très fréquentée, est un vrai show musical !
En flanant dans les rues de la capitale costaricienne ce week-end, nous avons assisté à une belle déambulation de vélocipédistes !
3 ans après le drame, ils défilaient en mémoire des 4 cyclistes tués par un chauffard sur une artère de San José. Faute de piste cyclable, les 4 hommes étaient sur la route principale et ont été fauchés alors qu’ils roulaient convenablement, une banale sortie du dimanche. L’automobiliste alcoolisé, avait alors pris la fuite et n’a écopé depuis que de 7 ans d’assignation à résidence.
Une bonne piqure de rappel pour nous cyclovoyageurs français : il faut continuer de se battre pour les droits cyclistes et les devoirs automobilistes. La preuve avec le baromètre des villes cyclables dévoilé récemment par la Fédération des Usagers de la Bicyclette, seules une poignée de ville atteignent une note supérieure à la moyenne…
Pour sûr nous n’étions pas des marins aguerris, juste des voyageurs un peu barges tentés par le large. D’Acapulco au Mexique à Playa Los Cocos au Costa Rica, nous aurons navigué plus de 2000km et vécu 20 jours en compagnie de cap’tain Bob sur le vaisseau Milagro.
Sous ses deux mâts en bois qui lui prêtaient des airs de voilier de collection à la « Rackham le Rouge », nous parcourions chaque jour son plancher de tek brut, entouré de rambardes d’acajou vernies, orné de winchs et passages de cordes en bronze massif, de 2 panneaux solaires et d’une petite éolienne en appoints.
Fidèles compagnons depuis 9 mois, des confins asiatiques de Singapour à Hanoi, les bicyclettes ne furent sûrement pas mécontentes de ce repos mérité. Nous croisions tout de même les doigts pour que la corrosion les épargne.
Au quotidien, nous assurions tour à tour nos quarts sous un large soleil, les yeux jonglant entre le large hypnotique, le ciel étoilé des traversées nocturnes et le gps de bord rassurant par son modernisme. Nous fîmes le maximum pour arriver à bon port en temps voulu, en assistant le capitaine dans ses manipulations de voile, principalement pour dresser, border ou choquer le fidèle working jib au près et/ou la grand voile et sa baume en vent de côté. Quand ce n’était pas une ancre à jeter puis remonter tant bien que mal, des cordes à arrimer à quais, des fenders à ajuster ou des voiles à couvrir.
Les impondérables, aussi, ne manquèrent pas : une patte d’alternateur fendue, un « générateur d’eau potable » capricieux, un génois déchiré sur 50cm après s’être coincé dans un éclairage, une baume avant fracturée, un rotor d’éolienne serré…
Nous plaisantions aussi parfois avec cap’tain Bob sur nos tocs de frenchies, son snobisme pour le café ou son aversion pour Trump et ne nous lassions pas de nos podcasts radiophonique dans les instants de solitude à la barre*.
Les premiers jours, au large du Mexique, du Guatemala puis du Salvador , nous assurions une modeste vitesse moyenne de 5 noeuds sur des mers plutôt calmes, aidés d’un bon vieux diesel 50Hp pétaradant. 5 noeuds, 9km/h, cette fois nous expérimentions réellement une lenteur presque inconnue, même à vélo ! Comme une ellipse spatiale et temporelle, nous trouvions ainsi le temps de repenser à nos folles vadrouilles à bicyclette, aux pays si variés que l’on avait eu l’infinie chance de traverser ces derniers mois, aux rencontres sur la route, aux amis et à la famille que l’on avait hâte de revoir.
La seconde semaine, portés par 4 voiles variablement utilisées et combinées (le mizzen, la grand voile, le working jib et le genois), nous connaissions de beaux épisodes de vent au large du Honduras et du Nicaragua où le bateau se cambrait puis adoptait cet angle caractéristique d’un « good sailing ».
L’aventure fut belle, dépaysante et très différente de notre quotidien de cyclo-voyageurs : alors que nos cuisses étaient d’ordinaire notre principale préoccupation corporelle, nous concentrions plutôt nos efforts sur le regard, la posture du dos en tenant la barre, ainsi que quelques gestes vifs de cordes. Une autre forme d’endurance.
Et puis l’océan, que l’on apprivoisait dans toute son immensité, sa surface toujours variable, ses vents tournants, son horizon décoré par le balais des astres ou des bateaux de pêche, sa profondeur et ses mystères.
Arrivés à bon port, nous connaissions une dernière frayeur en heurtant un rocher non-identifié sur le gps de bord. Rien de grave, le ballast était solide et notre vitesse lente. Le récif aussi restait indemne.
*On vous recommande ce reportage émouvant sur la rencontre de l’univers de la voile avec le monde carcéral :