Dans les dédales des ruelles coloniales de Luang Prabang se cachent des écoles primaires où les enfants se donnent à coeur joie 🙂
C’est la récré à l’école de Luang Prabang
À Luang Prabang toujours, c’est jour de fête ! La course de bateau n’intéresse pas tout le monde, certains préfèrent partager un repas entre amis ou en famille.
Fête des voisins version Laos
Le soir c’est une toute autre mélodie que l’on entend en tendant l’oreille devant les temples.
Prières bouddistes à la tombée de la nuit à Luang Prabang
La musique nous accompagne partout sur notre trajet à vélo. Parfois en karaoké ou juste en fond sonore des restaurants, mais toujours kitsch !
Gros son dans un resto de bord de route
À l’approche des villages, on freine et profite des scènes de vie sous les yeux éberlués des locaux.
Une traversée de village sur la route 1c
Le 7 Septembre, nous arrivons à Vieng Xai. La bourgade était il y a 45 ans le fief des Pathet Lao, organisation paramilitaire communiste en lutte contre les Américains aux côtés des Viet Minh de 1964 à 1973. La ville est entourée de multiples caves où les habitants se réfugiaient pendant les bombardements. Durant la visite de la cave de Mr Kaysone Phomvihane (Secrétaire général du Parti, devenu président par la suite), notre guide raconte :
« In here, special, we have « air tight bomb shelter room »… So this room was used sometimes when the Americans used to [drop bombs] onto Vieng Xai. Mr Kaysone with his family came to stay here, crossing the door but he can’t open it. He used this air pump to [bring the air inside and this filter for dust and chemical]… »
Explications du guide dans une cave anti-bombardement de Vieng Xai
Arrivés au Vietnam, à Mai Chau, nous découvrons la fête de la mi-Automne et ses défilés de dragons dans les écoles et les échopes de la ville. Chaque année, elle coincide avec la fin de la récolte du riz.
Danse de dragon sur la rue principale de Mai Chau
Enfin, plus au Nord à Moc Chau, nous visitons des immenses champs de thé. Ici, des dizaines de femmes ramassent à la main les précieuses feuilles tout en discutant !
Une fois n’est pas coutume, pour ce dernier article à propos du Laos, nous voulions vous présenter quelques chiffres qui nous ont marqué ou symbolisent notre passage :
0 comme…
…le nombre de crevaisons sur des routes n’ayant pourtant pas bonne réputation. Si les nids de poule sont un véritable danger permanent (on s’avertit mutuellement à leur approche), nous avons été agréablement surpris de l’état du bitume existant. Et/ou de la qualité de nos 4 pneus neufs Schwalbe !
29 comme…
…les années écoulées depuis que le pays est officiellement ouvert au tourisme. Et oui, ce n’est qu’en 1990 que La République Populaire Démocratique du Laos a ouvert ses portes aux étrangers, après plus de 50 ans de protectorat français, une invasion japonaise, 9 ans de guerre secrète avec les États Unis (1964-1973) et 15 ans de communisme strict. Alors forcément, le Laos a gardé une authenticité, un caractère brut et spontané qui nous a fait tomber sous son charme. À vélo, nous avons ainsi traversé des dizaines de villages traditionnels, aux maisons surélevées en bois si atypiques ouvertes sur la rue principale, aux métiers à tisser lovés dans un renfoncement et aux innombrables gallinacés. Le tout dénué de fioritures pour visiteurs étrangers (supermarchés, distributeurs, bars…), c’est rare et appréciable en 2019.
Maison traditionnelle en bambous
44 comme…
…le nombre de rameurs par bateau à l’occasion du Boat Festival de Luang Prabang. Nous avons eu la chance d’y assister : cette course a lieu chaque année à la fin de la mousson. Chaque village de la rivière Nam Kha, affluent du Mékong, participe à la compétition. Les bateaux sont confectionnés durant 1 an dans les monastères bouddistes, si possible à partir d’un unique arbre. C’est surtout une grande fête populaire où la Beer Lao coule à flot !
120 comme…
…la plus longue distance parcourue en km en une journée à vélo, de Luang Prabang à Muang Nambak. Soyons honnête, c’était une belle bavante, d’autant que la Chine construit dans cette zone un immense barrage hydroélectrique synonyme de nombreux camions sur la route. Mais c’est parfois le « jeu » en cyclo-randonnée pour trouver un village-étape sympa pour la nuit, rejoindre une belle route (la fabuleuse 1c que l’on recommande vivement) ou éviter le mauvais temps.
Barrage chinois en construction
365 comme…
…le nombre de laotiens qui meurent par an encore aujourd’hui des suites de l’explosion d’une bombe à sous munitions. Ces bombes, lachées en toute dysproportion par les USA durant la guerre du Vietnam, sont recherchées et déminées quotidiennement par diverses associations comme Humanité&Inclusion (anciennement Handicap International). L’organisme COPE quant à lui oeuvre pour garantir un avenir aux nombreux blessés et amputés.
Cratère de bombe à Vieng Xai
660 comme…
…les kilomètres de bus parcourus de nuit entre Paksé et la capitale Vientiane. Avec un peu d’appréhension pour nos montures en soute, le trajet s’est finalement très bien passé pour eux comme pour nous.
800 comme…
…notre budget sur place en euros pour 1 mois et pour deux.
1000 et 1 comme…
…la quantité de « Sabaidee » (Bonjour) scandés avec sourire par les enfants sur la route. Dans un pays à l’histoire récente tourmentée, c’est un vrai bonheur de voir la nouvelle génération si curieuse !
Générations de femmes laotiennes
1100 comme…
…le total des kilomètres à vélo parcourus sur le territoire, dans la province de Champassak au sud, de Vientiane à Louang Prabang (la fameuse route 4c), puis au Nord Est en direction du Vietnam. Des routes vertigineuses qui nous ont permis d’apprécier pleinement les paysages locaux. Rizières en terrasses, bananeraies et surtout forêts de bambous se sont succédés, le tout dans des teintes extraordinaires de verts caractéristiques de la saison des pluies.
Rizières étagées le long de la route 1c
À propos du bambou, nous avons découvert son importance dans la vie locale et la multiplicité d’utilisations de la plante : paniers, clotures et murs tressés de maisons, tube pour cuisson à l’etouffée, instrument de musique, aliments…c’est fou ! On vous conseille cette petite vidéo de l’Agence Française de Developpement dont nous avons découvert l’action à Vientiane et qui travaille justement dans la région de Houaphan sur la durabilité des forêts de bambous :
Avec un titre pareil, on pourrait s’attendre à un mauvais article d’escalade. En tête ? 4c ? D’ordinaire cette cotation est synonyme de première expérience de varape plutôt que d’exploit. Mais au Laos, la route 4c reliant Kasi à Pong-Dong n’est pas équipée de spits ni de cordes. D’asphalte plutôt, de graviers beaucoup et en guise de grimpeurs des pick-up, des mini-vans blancs de touristes, des camions surchargés et… deux bicyclettes !
23 Août 2019, plutôt en jambes et enjoués par l’incroyable environnement de la région, nous décidons de nous attaquer à la route bis. Non, non, pas la highway 13 sensée permettre aux chauffards les plus pressés de rallier Louang Prabang sans encombre. L’autre, la 4c. Yan & Brieke, nos formidables hôtes Warmshowers hollandais de Vientiane nous l’avait conseillée, pour son col merveilleux, alors allons-y !
Les rizières, au pied des montagnes
On commence en douceur, au milieu de rizières verdoyantes et traversant deux ou trois villages paisibles. Au loin, la future autoroute Vientiane-Kunming (comprenez : le chantier chinois pharaonique du coin) s’échappe au coeur de la montagne. Ses tunnels sont à peine creusés et les ouvriers sont nombreux aux abords de sa chaussée en construction. Quant à nous, nous commençons à serpenter jusqu’au village de Ban Thong Muead. Les virages sont rares et nos 15 bons kilos de bagages combinés à un pourcentage avoisinant les 10% nous obligent à nous en créer, des lacets. On en rit, on garde le moral et on grimpe comme des escargots. La pluie, d’abord brumisante, commence à tomber drue. La veille, nous avions croisé un compère cycliste espagnol qui, maladroit, nous avait glissé : « And you ? You are in holidays ? » Oh que non, le voyage à vélo ce n’est pas juste des vacances !
Cascade et brouillard
Il nous aura fallu 4 bonnes heures pour venir à bout des 20km et 1500m de denivelé. Comme quoi le chargement joue pour beaucoup, on est loin des vitesses stratosphériques des vélos carbones sur les routes alpines. Mais qu’importent les records, c’est un tout autre accomplissement de passer le col avec sa « carapace », si loin de chez nous et à deux !
Sacrée vue au col !
Nous faisons une halte nouilles instanées et soda (faute de mieux) au col et entamons une magnifique descente, ponctuée de quelques « coups de culs » impromptus qui finissent de consumer nos cuisses. La vallée se réouvre, le ciel aussi et nous atteignons Namuang Gnai à 16h, les freins bien chauds et des paysages plein la tête ! La Guesthouse est simple mais verdoyante et bienvenue, demain nous reprendrons pour 65km de bosses descendantes jusque Luang Prabang.
Serpent de montagne laotien
Fatigué mais heureux, je relis ces lignes de Paul Fournel (« Besoin de vélo », Seuil, 2001) : « Il y a dans le vélo une relation animale au monde : les montagnes que l’on voit sont à escalader, les vallées sont à dévaler, les ombres sont faites pour se dissimuler et pour s’étendre. Être dans le paysage, dans sa chaleur, dans sa pluie, dans son vent, c’est le voir avec d’autres yeux, c’est l’imprégner en soi d’une façon instinctive et profonde. La montagne qui se dresse devant moi n’est pas une montagne, elle est d’abord une côte à gravir, une épreuve, un doute, une inquiétude, parfois. Au sommet, elle est une conquête, une légèreté. »
Nous voici au Laos 🙂 Pour s’acclimater, nous partons pour une petite virée sur les 4000 îles, un archipel qui évolue au gré des crues du Mékong. Nous faisons escale à Don Khone pour trois jours. Voici quelques clichés !